Attentats du 13 novembre : L’ADN de Salah Abdeslam n’a pas été identifié sur la ceinture d’explosifs de Montrouge

AFP / BERTRAND GUAY
AFP / BERTRAND GUAY

Les analyses révèlent que la ceinture explosive retrouvée à Montrouge, quelques jours après les attaques du 13 novembre, ne porte pas l’ADN de Salah Abdeslam. En revanche, un ADN inconnu déjà présent sur un autre engin explosif a été découvert.

La ceinture explosive de Montrouge n’a peut-être pas été portée par Salah Abdeslam. Dix jours après les attentats du 13 novembre, sa découverte dans un amas d’ordures avait conduit les enquêteurs à supposer que le terroriste présumé l’aurait abandonnée avant de fuir vers la Belgique. Vendredi 12 février, de nouveaux éléments viennent mettre en doute cette hypothèse : selon une information de BFM TV, les analyses révèlent que l’ADN du jeune homme de 27 ans ne figure pas sur l’engin explosif.

Un ADN inconnu retrouvé

Toujours selon BFM TV, un autre ADN aurait été décelé. Le même qui avait déjà été retrouvé sur la ceinture explosive de Brahim Abdeslam, frère de Salah qui s’est fait exploser boulevard Voltaire le soir des attentats. La présence de cet ADN sur deux engins explosifs n’a pour l’instant pas permis d’identifier son propriétaire.

Abdeslam volatilisé

Deux mystères qui s’ajoutent à celui de l’itinéraire de Salah Abdeslam, toujours insaisissable. À la mi-janvier, des images de vidéo-surveillance datées du 14 novembre le montrent dans une station-service du Nord de la France, accompagné de deux amis, Hamza Attou et Mohammed Hamri. Arrêtés par les autorités, ils ont avoué avoir aidé Abdeslam à se rendre en Belgique. Ils l’ont déposé dans une rue de la commune de Schaerbeek, le 14 novembre vers 14 heures. Depuis, l’enquête piétine.

Le terroriste de Saint-Denis identifié

En revanche, l’enquête a permis de déterminer l’identité du terroriste de Saint-Denis, qui avait déclenché sa ceinture explosive le 18 novembre lors du RAID. Chakhib Akrouh, belgo-marocain soupçonné d’avoir effectué deux allers-retours en Syrie, entre 2013 et 2015, serait également l’un des membres du commando des terrasses.

Benjamin Pierret

Présidentielle 2017 : Jean-Luc Mélenchon fait cavalier seul

Jean-Luc Mélenchon a annoncé mercredi 10 février au 20h de TF1 sa candidature à la présidentielle 2017. Une candidature spontanée sans concertation avec le bureau politique du Front de gauche. 

 

Credit photo : Afp
Jean-Luc Mélenchon a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2017. Credit photo : Afp

 «Le rythme s’est accéléré. Je propose ma candidature pour l’élection présidentielle de 2017». C’est avec ces mots que Jean-Luc Mélenchon s’est porté candidat. Contrairement à sa candidature en 2012, il partira seul cette fois-ci. Le député européen a comparé sa démarche à celle du candidat à la primaire démocrate américaine Bernie Sanders. Il compte, comme lui, concentrer sa communication sur Internet pour rallier les électeurs. En 2012, il avait eu la faveur des électeurs communistes à l’occasion de la primaire du Parti communiste, après d’âpres débats dans le parti. Cette fois, entre les divergences grandissantes et la décision d’agir seul de l’eurodéputé, il aura plus de mal à l’obtenir… s’il l’obtient. Une réunion est prévue mardi 16 février entre PS et PCF (Parti communiste français). La question qui se pose est la suivante : Mélenchon sera-t-il présent ? Rien n’est moins sûr. Cela fait un peu plus de deux ans qu’il n’a plus assisté à des réunions du Front de gauche. Pour convaincre, le candidat a lancé sur sa chaîne YouTube, une émission Web intitulée Pas vu à la télé. L’objectif : mettre en avant «des personnalités et des sujets qui n’ont traditionnellement pas d’espace dans les grands médias audiovisuels»

Jean-Luc Mélenchon a précisé que  « tout le monde peut se joindre à (lui) pour travailler sur le programme ». Pendant son allocution, le candidat a d’ailleurs dévoilé son slogan de campagne : « la France insoumise », ainsi qu’un logo et un site internet .

 

En France, des personnalités « sans étiquette » sont fréquemment candidates lors des élections municipales. Ces candidats se présentent très rarement lors d’élections nationales. Cela fut le cas pour José Bové en 2007 et Réné Dumont en 1974. Le score de ces candidats a toujours été timide. Seule exception : Raymond Barre qui aura réussi à fédérer plus de 5 millions de votants.

 

Mais avant de spéculer sur le nombre de voix qu’il est en position d’obtenir, Jean-Luc Mélenchon doit d’abord réunir les 500 signatures, sans quoi il ne pourra même pas se présenter. Il devra les obtenir sans l’appui du Parti communiste français (principal allié de son Parti de gauche au sein du Front de gauche). Totalisant 11,10 % des voix (3 984 822 voix) au premier tour , Jean-Luc Mélenchon est arrivé quatrième à l’élection présidentielle de 2012. Dans son blog, l’essayiste Jacques Sapir, affirme que la candidature du député européen est une évidence et un acte de défiance contre le « régime des partis ». Il ajoute que “la décision de Jean-Luc Mélenchon peut le libérer des compromis qu’il était obligé de passer quotidiennement et qui avaient fini par l’étrangler. »

Un autre obstacle financier pour l’eurodéputé 

Mais puisque l’argent demeure le nerf de la guerre, même pour le farouche ennemi de la finance, pour mener sa campagne, Jean-Luc Mélenchon aurait besoin de financements. Une campagne sur les réseaux sociaux ne suffit pas. Faire campagne seul demande un budget conséquent. Pour le réunir, le candidat s’en remet à ses partisans. Il a demandé un prêt bancaire, qui devrait probablement lui être accordé. Le candidat ne pourra par ailleurs rembourser ses dépenses et les frais de sa campagne que s’il dépasse la barre fatidique des 5 %.

Wassim Sabri Alem 

 

Ophtalmo : à Levallois, il faut être patient pour avoir un RDV

Le délai d’attente moyen pour obtenir un rendez-vous chez l’ophtalmologue a encore augmenté. D’après une étude dévoilée ce jeudi et réalisée par le groupe Point Vision, il faut en moyenne 85 jours, soit 8 jours de plus qu’en 2013. Certaines zones sont moins avantagées que d’autres : à Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, la patience est de rigueur.

 

POUR ILLUSTRER LE PAPIER DE JULIE DUCOURAU : "LES PROFESSIONNELS DE LA VISION S'INQUIETENT D'UN DESENGAGEMENT DE LA SECU" - Une patiente subit un examen de la vue chez un ophtalmologue à Paris le 24 avril 2008. Un éventuel désengagement de la Sécu au profit des complémentaires sur l'optique, évoqué par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot le 13 avril 2008, créée un tollé parmi les mutuelles de santé et les professionnels du secteur qui estiment que la "santé visuelle" doit prévaloir sur les considérations financières. AFP PHOTO MEHDI FEDOUACH / AFP / MEHDI FEDOUACH

AFP PHOTO MEHDI FEDOUACH / AFP / MEHDI FEDOUACH

 

Martine, interrogée par le Celsa Lab, a 59 ans, et habite à Levallois-Perret depuis 21 ans. Lunettes carrées et noires sur la tête, café à la main, il ne lui faut que 30 secondes en ce calme début d’après-midi pour s’emporter contre les délais d’attente chez l’ophtalmologue. «  A Levallois, c’est très dur d’avoir un rendez-vous. Je pense que c’est parce qu’il n’y a pas beaucoup d’ophtalmologues, en tout cas moi je n’en connais que trois ou quatre dans ma ville et ils sont tous remplis pour plusieurs mois. » Martine n’a pas tort, même si à Levallois-Perret il y a environ une dizaine d’ophtalmologues. Comme à l’image des 5000 praticiens en France, ils sont trop demandés, et doivent même parfois refuser de prendre en charge de nouveaux patients. Selon l’étude de Point Vision, ils seraient d’ailleurs 11% à le faire.

Même si Paris et sa banlieue sont plutôt bien lotis avec un délai compris entre un mois et moins de trois mois pour avoir un rendez-vous – en Haute-Loire ou la Corrèze il est de 9 mois – le problème reste présent. « Avant j’allais chez le Dr X mais il y a toujours eu beaucoup d’attente, entre deux et trois mois. Du coup, je vais à Neuilly-sur-Seine, où j’attends toujours beaucoup moins. C’est un peu plus cher mais ça vaut le coup car on n’y va pas très souvent de toute façon ! » La dernière fois que Martine est allée chez l’ophtalmologue, c’était à Neuilly-sur-Seine il y a trois mois. Elle a obtenu un rendez-vous trois semaines après.

« C’est incroyable qu’on doive attendre si longtemps »

Sur neuf ophtalmologues contactés basés à Levallois-Perret, cinq nous ont répondu, et la réponse est quasiment toujours la même. Dès que le rendez-vous est souhaité en fin de journée, entre 18 heures et 19 heures, il n’y a pas de places avant le mois d’avril, voire le mois de juin pour un des ophtalmologues. Pour obtenir une place plus tôt, il faut pouvoir s’y rendre en semaine et en plein après-midi. Sur les cinq cabinets contactés le jeudi 11 février, les deux premiers affichaient complet jusqu’à avril pour l’un et jusqu’à juin pour l’autre quels que soient les horaires. Les rendez-vous les plus rapides étaient proposés le mardi 16 février à 15 heures, le 14 mars à 10h20 ou à 16h40, et le lundi 29 février à midi.

Des horaires très compliqués pour les actifs, comme Julien, 33 ans, et cadre commercial à Nanterre, interrogé par le Celsa Lab. Il porte des lunettes depuis tout petit et a « toujours été un vrai binoclard » plaisante-t-il. « Je suis myope et astigmate, l’ophtalmo est presque devenu mon ami. C’est un vrai problème pour les gens comme moi, et même pour la plupart je pense ! Les seuls créneaux disponibles sont en fin de journée, je ne peux pas quitter le boulot pour aller chez l’ophtalmologue en pleine journée. Et dans tous les cas, en général, le délai est extrêmement long. Je sais que l’ophtalmo ce n’est jamais aussi urgent que le médecin par exemple, mais c’est quand même incroyable qu’on doive attendre si longtemps ».

Moins d’ophtalmos il y a, plus d’attente il y aura

Alors que les ophtalmologues peinent à répondre à la demande, de plus en plus partent à la retraite, sans que le nombre de ceux qui les remplacent soit assez conséquent. Le numerus clausus qui détermine chaque année le nombre de places ouvertes après le concours d’internat en ophtalmologie a été petit à petit augmenté pour être fixé autour de 150 places, alors qu’il n’y en avait qu’une quarantaine il y a dix ans. Martine a constaté de ses propres yeux le manque d’ophtalmologues dans sa ville : « Je trouve qu’il n’y en a pas assez ! Même une dizaine pour la ville de Levallois ce n’est pas assez. A Neuilly-sur-Seine, ce n’est pas par hasard qu’on obtient des rendez-vous plus vite. Quand je regarde sur Internet, il y a deux fois plus de résultats pour Neuilly que pour Levallois. »

Pourtant les deux villes ont toutes les deux environ le même nombre d’habitants, autour de 65 000. Et lorsque quatre cabinets au hasard sont contactés par nos soins à Neuilly-sur-Seine le jeudi 11 février, le constat est parlant : chacun des quatre ophtalmologues propose des rendez-vous même en fin de journée à partir de mi-février, fin février et au plus tard début mars. Autre solution que de compenser les départs à la retraite en augmentatn le numerus clausus : multiplier les cabinets disciplinaires, où travaillent ensemble médecins ophtalmologues et orthoptistes. Un gain de temps pour le patient mais aussi le médecin, qui délègue à l’orthoptiste une partie des examens. « Je trouve ça malin. Et pratique » opine Julien, qui espère ne plus attendre deux mois pour pouvoir s’occuper de la santé de ses yeux. 

 

Délai d’attente par département. Source : Point Vision.

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Mathilde Pujol

« Ashes », l’exposition de Steve McQueen, emballe les spectateurs

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2016. GRJ PHOTO

La galerie Marian–Goodman à Paris, débute l’année 2016 avec «Ashes», la dernière installation filmique du réalisateur britannique Steve McQueen. Composée de deux petits films, l’installation surprend et étonne les spectateurs qui essayent de comprendre l’histoire racontée dans la salle obscure.    

Une expérience immersive. «Ashes», la dernière installation filmique de Steve McQueen, est exposée à la galerie parisienne Marian-Goodman. Le réalisateur britannique s’est inspiré d’une rencontre lors d’un tournage sur l’île de Grenade, dont sa famille est originaire.

Au rez–de-chaussée, deux spectatrices s’approchent du premier élément de l’exposition : une installation murale composée de quatre-vingt-huit tubes néon qui forment, chacun, en lettres manuscrites, la phrase «Remember Me» («souviens-toi de moi»). En empruntant les escaliers, le visiteur découvre une pile d’affiches montrant un jeune homme de dos, Ashes, qui regarde la mer. Sur l’image, quelques mots sont écrits. Un couple s’approche timidement et prend une affiche. «Je ne sais pas si on peut la prendre», lance l’homme à sa femme.

Au niveau inférieur, une salle obscure dans laquelle deux films, tournés en Super 8, se projettent simultanément de part et d’autre d’un même écran suspendu. Devant le premier écran, «Ashes» se tient à la proue d’un bateau, au large de la mer des Caraïbes. Des spectateurs, debout comme assis, regardent l’écran, absorbés par l’histoire.

Ce premier film contraste avec le contenu du deuxième, réalisé dans un cimetière de l’île de Grenade. Dans ce film, une dizaine de visiteurs peuvent observer la construction d’une tombe et les inscriptions, gravées à la flamme, sur sa plaque.

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2016. GRJ PHOTO

 

Chaque spectateur est témoin du drame

La présence du personnage est l’un des éléments les plus attirants de l’installation, comme le raconte Anne Maurain, 24 ans : « On connaît le personnage dès le début de l’exposition. On peut l’amener avec nous en prenant une affiche. Dès que je suis entrée dans la salle, la présence du personnage à l’écran m’a immédiatement fait m’assoir. J’avais envie de connaître toute son histoire.»

 Le contraste entre ces deux courts-métrages a étonné Maurice Bourges, 40 ans : «Pour moi, le plus important, c’est l’intensité qui réside dans la pièce, l’antagonisme des deux projections. La vie et la mort. Voilà ce qui m’ a fait passer du temps devant chaque projection, je les ai revues plusieurs fois».

Cette liberté de mouvement est l’essence de l’installation pour Lilla Paci, 36 ans : «On peut aller d’une projection à l’autre, les revoir si on n’a pas compris, construire dans notre esprit l’histoire de ce jeune homme. Pour moi, McQueen veut qu’on devienne témoins du drame, mais aussi acteurs. Il veut que nous réfléchissions sur notre propre liberté. Liberté qu’«Ashes» n’a plus, puisqu’il se trouve dans une tombe».

Pour d’autres visiteurs, l‘expérience a presque été un échec. C’est le cas d’Alain Dabancourt, 53 ans: «Tout d’ abord je n’ai pas compris de quoi s’agissait cette exposition. J’ai vu un jeune homme dans un bateau et rien de plus. A ce moment-là, j’ étais vraiment déçu. Après, sur le deuxième écran, j’ai vu des hommes entrain de construire une tombe et à ce moment-là, je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une histoire qu’il fallait déduire. Je me suis bien amusé !».

Le public peut profiter l’installation filmique jusqu’au 27 février 2015.

Gila Ríos Jiménez