Le programme économique du FN divise… le FN

Réuni en séminaire du 5 au 7 février, le Front national est confronté à un problème : comment confirmer au second tour des élections les bons scores observés aux premiers ? Au programme donc, un changement de nom, la sortie de l’euro et surtout la préparation de 2017.

Depuis cinq ans, le Front national a su conquérir une partie de l’électorat de droite sur ses thématiques traditionnelles de l’immigration et de la sécurité. Mais il a aussi progressé en séduisant à gauche et jusqu’à l’extrême gauche anti-libérale grâce à son discours social et économique. Reste à devenir crédible et passer la barre du second tour. Problème, ce programme économique anti-libéral, anti-euro et protectionniste est largement décrié par la plupart des économistes. Voici les principales mesures avancées par le parti frontiste.

French Front National (FN) far-right party's President Marine Le Pen delivers New Year's wishes to the press at the FN headquarters in Nanterre on January 7, 2016. / AFP / LIONEL BONAVENTURE
Marine Le Pen lors d’un discours au siège du Front national le 7 janvier 2016. (Photo AFP / LIONEL BONAVENTURE)

« Le retour au franc pour retrouver la prospérité » : ce projet reste central dans le programme du Front même si les termes et la date de cette sortie ont évolué avec le temps. Il ne s’agit pas « d’une sortie unilatérale de l’euro ». A l’image des Britanniques de l’Ukip, le parti souhaite organiser un référendum en France. Tout en renégociant les traités européens, le parti prévoit le démontage « coordonné de l’euro unique par un euro commun qui coexisterait avec l’euro ». L’objectif : « agir sur notre monnaie en refusant les plans dramatiques d’austérité sociale ». Après avoir repris le contrôle de la politique monétaire, le FN envisage de dévaluer le franc (de 20% à 25% selon les prises de parole).

« Déprivatiser l’argent public pour désendetter la France » : « en 40 ans, la France a versé 1400 milliards d’euros d’intérêts aux marchés financiers ». Partant de ce constat, le FN propose de briser le monopole des banques, ce qui permettrait à la France de s’endetter auprès de la banque de France à des taux bas et non plus sur les marchés privés. Cette proposition est commune avec l’extrême gauche et les souverainistes comme Nicolas Dupont-Aignant.

« Le retour de la retraite à 60 ans et la revalorisation des retraites » : Là encore, une proposition de l’extrême gauche. La retraite pleine à 40 annuités serait restaurée et l’âge légal de départ en retraite ramené à 60 ans. De plus, les pensions de retraites seraient revalorisées. En revanche, le minimum vieillesse pour les étrangers sera supprimé. Ces mesures seront financées en taxant les revenus du capital.

« Augmenter le SMIC de 200 euros nets en instaurant une taxe douanière » : cette mesure de relance du pouvoir d’achat serait financée par une « contribution sociale aux importations égale à 3% du montant des biens importés », c’est à dire une taxe aux frontières.

 

Avec ce programme qui promet souveraineté et politique sociale, le FN a cherché à faire le grand écart. Il souhaite rassurer sa base historique sensible aux problématiques identitaires, continuer de rafler les « laissés-pour-compte de l’UMPS » tout en séduisant les classes moyennes. Un choix entre libéralisme et étatisme qui va s’avérer crucial dans la stratégie de campagne de 2017. Sans compter que le parti n’affiche pas un front uni sur ces questions.

 

Plusieurs cadres frontistes aimeraient que la sortie de l’euro soit beaucoup moins mise en avant dans les discours afin de ne pas effrayer l’électorat de droite, notamment les retraités, inquiets pour leur épargne, et les CSP+. Parmi eux, il y a Jean-Lin Lacapelle. Le nouvel homme fort du Front national depuis sa nomination au poste de secrétaire national aux fédérations et à l’implantation, a annoncé la couleur dans une interview à l’hebdomadaire d’extrême droite Minute : « Nous devons réfléchir pour voir si l’on peut préserver l’euro et le faire évoluer ou s’il faut changer de monnaie, c’est-à-dire revenir au franc« .

L’arrivée de l’ancien directeur commercial de L’Oréal, et de ses réseaux dans le secteur privé, est aussi cohérente avec le visage pro-business que souhaite désormais afficher le FN, soucieux de contrer les piques de la droite sur son programme économique «de gauche». Quant à la sortie de l’euro, l’intéressé relativise : « ce n’est pas ça l’idée, c’est différent. On veut challenger l’euro. On n’en sort pas du soir au lendemain. Cela se prépare, s’anticipe, se discute avec les entrepreneurs. »

Marion Maréchal-Le Pen, en bonne petite fille de son grand père (« le Reagan Français » pour reprendre ses propre mots) penche du côté du libéralisme. Robert Ménard allait même plus loin vendredi dernier. « Si le Front national veut gagner, il faut qu’il change« , a-t-il insisté au micro de France Info. « Faire de la sortie de l’euro l’alpha et l’omega de toute politique me semble être une mauvaise idée. »

Au contraire, Florian Philippot, qui incarne la ligne « sociale » et étatique du FN s’oppose à toute remise en question de la sortie de l’euro. Celui-ci menace de quitter le parti si cette mesure devait être abandonnée.

Reste à savoir où se placera Marine Le Pen. Idéologiquement plus proche de la ligne Philippot elle doit aussi composer avec les autres mouvances de son parti. Invitée lundi soir sur le plateau de TF1, la présidente du Front national devrait clarifier la situation.

Antoine Etcheto

« On demande aux chômeurs de se passer de nous »

Trois questions à… Véronique Bleuse, conseillère pôle emploi en Picardie et déléguée CGT. L’agence dans laquelle elle travaille applique depuis octobre 2015 les réformes lancées par la direction. Ce lundi, elle est venue manifester son mécontentement devant la Direction générale de Pôle emploi, à Paris.

La direction de Pôle emploi souhaite fermer les agences, l’après-midi, aux demandeurs d’emploi sans rendez-vous. Quels ont été les conséquences d’une telle mesure dans votre agence ?

Ça a été catastrophique. Depuis que l’agence ferme à 12h30, on a assisté à un flux incessant de personnes qui cherchent à prendre rendez-vous l’après-midi. Nous, on ne peut plus les accueillir, alors tout le monde essaye de venir le matin, la queue est interminable, les conseillers sont débordés. On a dû mettre en place un système D pour répondre à toutes ces demandes. Des conseillers « jokers », c’est-à-dire des conseillers supplémentaires pas prévus au planning, viennent nous épauler le matin pour gérer le flux. Nos conditions de travail et l’accueil des demandeurs d’emploi ne s’est pas amélioré avec cette mesure.

N’avez-vous pas, grâce à cette réforme, plus de temps l’après-midi pour mieux traiter les demandes ?

L’après-midi, nos boîtes mails explosent parce que ceux qui n’ont pas obtenus de rendez-vous le matin tentent de nous contacter par e-mail. Sachant que certains conseillers ont jusqu’à 900 demandeurs d’emploi à suivre, ça nous prend énormément de temps de répondre à toutes ces nouvelles demandes de rendez-vous. Beaucoup de gens s’énervent, ils essayent de communiquer avec l’interphone de l’agence. On en arrive à une situation où les demandeurs d’emplois sont obligés d’envoyer un mail à leur conseiller qui se trouve de l’autre côté de la porte. En quelque sorte, on est en train de demander aux chômeurs de se passer de nous.

Qu’en est-il du passage au « tout internet » concernant l’inscription et les demandes d’allocations ?

Ça a eu pour conséquence une dépendance des demandeurs d’emploi à internet. Les échanges de mails entre conseillers et demandeurs ont explosé. Seulement, il ne faut pas oublier que 20% des chômeurs n’ont pas d’accès à internet. Ces personnes là se retrouvent discriminées. Ce sont ces mêmes personnes que nous sommes obligés d’aider en agence. Mais la procédure est longue, ça prend au moins 50 minutes pour rentrer toutes les informations dans le logiciel. Internet, ça a peut-être permis à certains de gagner du temps, mais nous, on en a encore perdu.

Léo Pierrard

PROVISOIRE: financement des campagnes des primaires US

Comment sont financées les primaires à l’élection présidentielle américaine ?

Fonds publics

Aide publique, provient directement de l’État fédéral. Son montant et les règles d’attribution sont fixées par le Federal Election Committee (FEC). Marche pour la primaire et l’élection générale. Pour recevoir ces fonds, les candidats doivent répondre à un certain nombre de critères. Ils doivent notamment accepter de limiter leurs dépenses de campagne à un certain plafond.
Pour les primaires : le gouvernement fédéral calque son apport sur celui des contributions totales d’individus, jusqu’à 250$ par personne. Pour être éligible, il faut réussir à lever plus de 5000$ dans au moins 20 états. En plus, les candidats qui souhaitent recevoir ces fonds publics doivent accepter de limiter leurs dépenses de campagne à 10 millions de dollars au total, et à 200 000 dollars par état, et dépenses personnelles limitées à 50000 dollars.
Le fonds est alimenté par un impôt volontaire : sur leur déclaration d’impot sur le revenu, les citoyens américains peuvent choisir d’attribuer une somme à ce fonds.
Toutes ces contraintes font que ces fonds sont peu utilisés par les candidats. Les limites obligent souvent les candidats à renoncer aux dons privés.

Fonds privés

Celles qui sont principalement utilisées par les candidats. Les fonds privés sont divisés en deux catégories : les dons des associations dites 501 : organisation créées pour promouvoir une candidature. Il s’agit d’organisation à but non lucratif. Les dons récoltés peuvent provenir de particuliers, d’entreprises ou de syndicats. Ils n’ont aucune limite. Ces associations ne sont pas controlées par le FEC .

Lisa Boudet